SUICIDES À EURODISNEY : Management et souffrance
Un salarié du complexe de loisirs a mis fin à ses jours vendredi alors qu’il devait reprendre le travail après un congé suivant un arrêt maladie. Pour le syndicat FO de l’entreprise, ce nouveau drame est lié aux conditions de travail.
On ne s’amuse plus à Eurodisney. Un chef de cuisine employé au parc d’attraction de Marne-la-Vallée s'est donné la mort à son domicile vendredi dernier, jour où il devait reprendre le travail après un arrêt maladie prolongé d’un congé. Âgé de 37 ans et père de quatre enfants, Franck Claret dirigeait le personnel du restaurant California Grill, un des hôtels les plus huppés. FO-Disney signale, qu’«il avait demandé, sans succès, sa réaffectation dans un autre établissement du groupe avec horaires moins contraignants, car il ne pouvait plus concilier son rythme de travail avec sa vie de famille». Pour le syndicat, les causes de ce suicide ne font pas de doute. Elles sont liées à ses conditions de travail. «D'après les éléments que nous avons eus, ce chef de cuisine était sous pression à cause des chiffres et des résultats demandés et du manque d'effectifs. Ne voulant plus travailler dans ces conditions, il avait tenté en vain de négocier son départ» a expliqué FO, avant de déplorer de nouveau les conditions de travail et la souffrance des salariés au sein du complexe touristique.
C’est le deuxième suicide en peu plus d’un mois. Le 21 février, un autre salarié, âgé de 30 ans, demi-chef de partie, embauché en 2004 et qui revenait d'un arrêt maladie ayant débuté en mai 2009, s'était donné la mort à la gare d'Esbly (Seine-et-Marne). FO avait également établi un lien entre ce suicide et ses conditions de travail «humiliantes» propres à un groupe qui demande «toujours plus d'objectifs de productivité à atteindre et toujours moins de moyens». Le 20 février, un autre salarié âgé de 22 ans, avait menacé de se suicider dans le parc d'attractions après l'annonce de son licenciement. Face au drame survenu vendredi, FO a réclamé «une véritable expertise sur la santé au travail, un nécessaire dialogue social et une meilleure écoute des salariés» dans le cadre du comité hygiène et de sécurité et des conditions de travail de l'entreprise.
Soupçonnant FO de vouloir «instrumentaliser ce drame», la direction d’Eurodisney a de son côté affirmé mercredi à la presse qu’«il n'y avait aucun problème particulier» avec ce salarié. «Franck Claret était le chef du California Grill, très apprécié par ses collègues et sa hiérarchie (…). Bien que traversant une période personnelle difficile, Franck a toujours fait preuve d'exemplarité dans son travail», avait par ailleurs affirmé le PDG d’Eurodisney Philippe Gas dans un mail envoyé vendredi aux salariés de l’entreprise. Autrement dit, et comme pour le précédent suicide, la mort du chef cuisinier serait liée à des problèmes familiaux. À l’instar de tous ces groupes confrontés aux dégâts de leurs pratiques managériales, Eurodisney se réfugie ainsi dans le déni. Pourtant, les drames récents à France Télécom ont rappelé à tout le monde que ce n’est pas en mettant un couvercle sur la marmite que les problèmes disparaissent. Article à lire ici